Veines vs Lymphe : deux circulations invisibles qui décident si vous gonflez ou pas

Carine Bidet
6 oct.
3 min de lecture

Vous avez déjà eu cette impression de chevilles qui gonflent en fin de journée, de jambes lourdes quand il fait chaud, ou encore ce sentiment diffus d’être “gonflé” sans raison ?Derrière ces sensations, il n’y a pas qu’une seule explication. Deux systèmes circulatoires travaillent en silence, complémentaires mais très différents : les veines et la lymphe.

Les veines : le retour contre la gravité

Imaginez vos veines comme des tuyaux munis de clapets. Leur mission est simple : ramener le sang vers le cœur, à contre-courant de la gravité. Pour réussir, elles s’appuient sur trois alliés : vos muscles (chaque pas agit comme une pompe), vos valves veineuses (ces petits clapets anti-retour), et votre respiration (chaque inspiration aspire le sang vers le thorax).

Mais si vous restez trop longtemps debout, immobile, ou assis, la gravité prend le dessus. La pression monte dans les veines des jambes, les clapets fatiguent, et le sang stagne : c’est ce qu’on appelle la stase veineuse.Résultat concret : les chevilles gonflent en fin de journée, les jambes deviennent lourdes et chaudes, et parfois des varices apparaissent.

La lymphe : le réseau discret du drainage

À côté du sang, il existe un autre flux, moins connu : la lymphe. C’est un liquide clair qui circule dans un réseau parallèle, destiné à récupérer l’excès d’eau, de protéines et de déchets qui sortent naturellement des capillaires sanguins. La lymphe transporte aussi les graisses issues de l’intestin et abrite une partie de vos défenses immunitaires.

Contrairement aux veines, elle n’a pas de pompe centrale. Elle avance lentement, stimulée par vos mouvements, vos muscles et votre respiration profonde. En chemin, elle traverse des ganglions lymphatiques, sortes de postes de contrôle qui filtrent et surveillent le contenu avant de rejoindre le sang au niveau de la veine sous-clavière gauche.

Quand la lymphe circule mal — après une chirurgie, en cas de cicatrices, d’infections ou simplement par manque de mouvement — le liquide s’accumule. Ce n’est plus seulement le soir : le gonflement est diffus, persistant, souvent indolore, et la peau marque à la pression.

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Rétention d’eau : pas qu’une seule histoire

Voilà pourquoi parler de « rétention d’eau » sans précision n’a pas beaucoup de sens.

Si vos chevilles gonflent surtout le soir, c’est souvent veineux.
Si le gonflement est mou, diffus, durable, il est plutôt lymphatique.
Et si le foie, les reins ou le cœur sont fatigués, alors l’eau peut s’accumuler partout : visage, mains, ventre.

Ces distinctions changent tout, car elles orientent vers des solutions différentes.

Veines et lymphe : une alliance permanente

Ces deux systèmes ne s’opposent pas, ils se complètent. Quand les veines saturent, la lymphe prend le relais pour évacuer davantage de liquide. Quand la lymphe est bloquée, les veines subissent une pression plus forte. C’est un équilibre permanent, une danse invisible entre deux circulations dont dépend notre confort quotidien.

Que faire, concrètement ?

Bonne nouvelle : il existe des gestes simples et efficaces.Marcher au quotidien, c’est activer la pompe musculaire et aider à la fois les veines et la lymphe. Respirer profondément avec le ventre, c’est utiliser le diaphragme comme un piston qui aspire les liquides vers le thorax. S’allonger quelques minutes avec les jambes surélevées, c’est offrir un vrai soulagement aux veines. Et si l’on pratique l’automassage, il faut toujours commencer par dégager les zones centrales (sous les clavicules, les aisselles, les plis de l’aine) avant de masser les jambes : c’est comme ouvrir la porte de sortie avant de pousser l’eau dans les canalisations.

Enfin, n’oubliez pas le rôle du foie. C’est lui qui fabrique l’albumine, la protéine qui retient l’eau dans le sang. Une alimentation variée, riche en protéines de qualité, peu d’alcool et beaucoup de légumes protecteurs du foie : voilà une base précieuse pour limiter la rétention.

En conclusion

Les veines ramènent le sang, la lymphe draine les déchets et l’excès d’eau. Ensemble, elles assurent l’équilibre hydrique du corps. Quand l’une faiblit, l’autre compense, mais si les deux ralentissent, la rétention s’installe.

Comprendre cette mécanique, c’est déjà agir : chaque pas, chaque respiration, chaque geste compte.

👉 La prochaine fois que vous sentez vos chevilles gonfler, demandez-vous : est-ce mes veines qui fatiguent, ou ma lymphe qui stagne ? La réponse vous guidera vers les bons réflexes.

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